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Histoire du Quartier des Près d’Arénes par Paul Génelot

Le ruisseau des Aiguerelles Il tire son nom du ruisseau qui le borde à l’Est. « Aiguerelles »… en Occitan aigarel – aigarada – aigalada… ce qui signifie petite rigole ou petit ruisseau dans la ville, cette version semble appropriée. Ce cours d’eau apparaît sur un plan de 1272 sous le nom d’Aygarelle noire; nom provenant de sa fonction de récupérateur des eaux usées, insalubres que déversaient les riverains ou plus tard les usines. Louis Secondy signale également que ce ruisseau recevait les latrines car à cette époque il n’y avait pas de fosses d’aisances (d’après une enquête de 1887, une odeur infecte s’en dégageait surtout l’été – on le tient même responsable d’une épidémie de variole). Au début du siècle sa largeur atteignait 5 à 6 mètres avec une profondeur de 2 à 3 mètres. Jules Pagézy, Maire de Montpellier n’envisageait-il pas de s’en servir pour alimenter un port qui serait situé à hauteur de la rue des deux ponts. Si sa source est mal déterminée au nord du boulevard Gambetta qu’il longe depuis l’avenue de Lodève, il semble selon des spécialistes qu’il soit issu de la rivière Mosson, il traverse l’ensemble des HLM de l’avenue de Lodève où avant les constructions des immeubles un petit ruisseau sourdait lentement selon des « anciens jeunes » qui faisaient circuler leurs bateaux en écorce de pin. Les eaux de pluies lors des gros orages s’ajoutant à son débit naturel provoquaient d’inévitables inondations. Dans le quartier le sieur Lauzier, maraîcher bien connu aujourd’hui encore, pour la qualité de ses légumes, utilise un puits à roue construit en 1885, il doit toutefois effectuer un curage « à vieux fond et à vieux bords ». Ce qui revient à dire que les Aiguerelles perturbent notoirement ses installations. Pour palier ces inconvénients occasionnés aux nombreux maraîchers du quartier parmi lesquels la famille Michel qui perpétue la tradition depuis 5 générations, jusqu’au secteur de la Céréreide, des aqueducs de dérivation ont été construits et soulagent le collecteur d’égouts (construits en 1898). 

Progressivement des travaux de couvertures ont été entrepris ce qui explique que le ruisseau ne soit à l’air libre que dans notre quartier, encore qu’avec les nouvelles constructions il ait été recouvert jusqu’au chemin de Moularès. On le retrouve également à la tour de la Babote puis au bout de la rue Durand (qui a été recouverte partiellement en 1840 avec la création du chemin de fer) il passe ensuite sous la gare qui a été construite au dessus avec un tunnel bâti et entretenu de nos jours par la SNCF. Quelques mètres plus loin, il traverse le parc de la Maison Lacroix (classée monument historique avec les staffs de Le français et son jardin au style Le Nôtre). Puis c’est la descente de la rue des Aiguerelles et la place Carnot où il continu sa course en longeant sur la gauche l’église des Saints François (ce qui a implique sa démolition et une reconstruction dans un style très différent.) Une petite branche indépendante s’infiltre toujours rue des Aiguerelles et arrive dans la partie sud du cimetière protestant, interdisant de ce fait toute inhumation dans le secteur droit. La branche première passe sous l’allée principale du cimetière et rejoint sa branche indépendante à l’autre bout pour continuer en ligne droite vers le chemin de Moularès où un trop plein est installé. Ce qui nous amène à dire que dès 1898 on a utilisé le ruisseau pour construire le grand collecteur des égouts. Ayant pris la suite du collecteur de la Saumerie, il se poursuit jusqu’à la station d’épuration de la Céréreide. 

Cette station peut faire l’objet d’une visite pour découvrir son fonctionnement et depuis peu son agrandissement. Ruisseau capricieux, considéré en véritable torrent comme tous ceux qui traversent Montpellier d’où les crues qui ont provoqué notamment les problèmes au parking du boulevard Gambetta et à l’époque aux quais du Verdanson. 

L’avenue du Pont Trinquât C’était un large chemin de campagne qui traversait vignes et près. Au 12éme siècle il porte le nom de Préveyrargues, ancien nom de la fontaine de Lattes (située en face de l’entrée du cimetière protestant). Il conduisait à Centrayrargues, Prieuré dépendant du chapitre de Maguelonne. Ce village repris sur la voie domitienne a disparu. Quelques siècles plus tard il prend le nom de chemin de Montpellier à Saint Hilaire qui donne accès à l’église située sur la rive droite du Lez sans doute disparue à la révolution. En 1877, Duval Jouve le signale sur une carte et porte le nom de chemin de la Togne également au répertoire de 1897 (Togne, de Tôni : nigaud, benêt (personnage de la comédie « Trésor du Substention » de l’Abbé Favre – Mistral dit en Provençal -Occitan: tônio ou tougno, nom d’une femme un peu légère, voir stupide comme Antonio)… En 1897 ce nom ne figure plus. Cependant en 1925 le Conseil Municipal lui donne l’appellation de chemin de la Première écluse qui correspond à la partie du Lez canalisée. Le lez comportait jusqu’à la mer 3 écluses facilitant la navigation. C’est au port près de la première que sont arrivées les premières locomotives du chemin de fer de Montpellier à Cette en 1839. Il ne subsiste plus de trace de cette écluse, la deuxième serait assez proche quant à la troisième elle a été remise au goût du jour avec le port « Ariane » de Lattes. Le Lez permettait d’acheminer notamment le soufre qui alimentait une usine près du fleuve, un trafic qui selon les anciens aurait cessé après la guerre de 1914/18. La construction de cette 1ére écluse est portée sur un plan de 1751. La recherche des éléments permet d’étudier les anciennes mesures telles que la « cane » de Montpellier : 1m98, et aussi les pieds, toises et autres pouces… on peut trouver sur ces documents la maison de l’éclusier. La dernière appellation « Pont Trinquat » avait été donnée au XVI° siècle puis abandonnée, ce n’est qu’avec son élargissement et son importance qu’on lui a redonné son nom. Quel était donc ce pont Trinquât ? Il se trouvait près de la 1ére écluse, où le Lez était franchi par un chemin néolithique, devenu grand chemin antique et plus tard le « Cami-Salinié »… chemin du sel. En 1331, un ordre du Roi permet de lire un « Pons Trincatus » dit le pont cassé resté longtemps en ruine à la suite des inondations dues à une crue du Lez. Trincat en Occitan se dit aussi Trincar ou Trencar : trancher, rompre… C’est aussi peut-être un patronyme car c’était celui du propriétaire du gué – remplacé par ce pont – il permettait d’arriver aux salines d’Exincourt (de La Madeleine) qui se situaient près du village de Centrayrargues. Le Cami Salinié En évoquant ce quartier on ne peut oublier ce « chemin » très important qui reliait Mauguio à Frontignan et permettait le transport du sel … naturellement il passait par Villeneuve les Maguelonne où on exploitait les salines. Cette étude des salins permet de découvrir les barques, charrettes et autres engins utilisés comme moyen de transport pour aller jusqu’à Marseille, dans l’Aveyron, le Gard ou la Lozère … en 1833. II en coûtait 50 centimes pour 100 kilomètres … outre la partie transport, l’étude amène aussi vers la chimie et les industries implantées près des rives du Lez. 

Ces usines étaient traitées de dangereuses, incommodes et insalubres; elles ont disparu à cause de leur caractère indésirable. Les usines qui se sont implantées dans le quartier ont bénéficié de la situation périphérique, loin des habitations avec la présence de l’eau indispensable à leur fonctionnement. La culture de la vigne a facilité également leur implantation. Trois zones sont assez bien définies : avenue de Palavas, sur la rive Nord du ruisseau des Aiguerelles, sur les bords du Lez au lieu dit « Moulin des sept Camps » (chiens ou cans ou encore champs) deux groupes d’industries : les industries chimiques liées à la culture de la vigne et les industries traitant des produits issus des abattoirs. Avenue de Palavas une usine occupait l’emplacement du Ponant (intersection de l’avenue et de la rue de Centrayrargues) dit « La soufrière » ouverte en 1857 par M. Dehaire-Farel qui transformait le soufre brut en soufre sublimé destiné à la lutte contre l’oïdium. 

L’intérêt de l’époque était de procurer du soufre à un prix intéressant. Une autre fabrique se trouvait au n°58, dans l’impasse G. Benker, implantée au dessus de la soufrière en 1880 et reproduisait du « Verdet » ou vert de gris. C’était une grande spécialité de Montpellier depuis le XIV° siècle. Le verdet est l’acétate basique de cuivre obtenu par l’oxydation de plaquettes de cuivre rouge par des rafles de raisins récemment « exprimées ». Par la suite il sera obtenu en oxydant le cuivre par l’acide ascétique des arts. On utilisait ce produit pour la lutte contre la maladie cryptogamique de la vigne mais encore pour les enduits destinés au « recrépissage » des maisons afin de les protéger contre l’humidité. En teinture le « verdet » permet d’obtenir le fameux « vert Céladon » utilisé pour teindre les draps. L’usine Benker exportait jusqu’en Hollande. Chemin de Moularès il y avait une usine fabriquant des cordes harmoniques (cordes pour violons) installée depuis 1858 au lieu dit sept camps » le Directeur était M. Baudasse-Cazottes. Avec son caractère ultra-moderne c’était la gloire du quartier, de plus il avait remporté une médaille à l’exposition de Paris. Tout à cote une usine de « secrétage » de peaux et poils de lapins pour fournir le feutre aux chapeliers. Autre fabrique importante celle de M. Valette installée en 1888 près du ruisseau des Aiguerelles. Il fabriquait des chandelles à partir du suif. Les graisses en branches étaient prises aux abattoirs et fondues avec de l’acide sulfurique sous l’action de la vapeur.., d’autres manufactures du mime genre s’étaient fixées dans le quartier, l’unique fonderie de suif au bain marie de M. Henri Martin, les usines Treilhet, Latreille ou Fourquier. Plus les constructions de logements s’étendaient plus les pétitions contre ces usines étaient nombreuses. On leur reprochait de polluer les eaux des Aiguerelles mais encore celles du Lez. On signalait le dépérissement et la mort des arbres, leurs racines étant saturées par les sels acides, de plus ces eaux s’infiltraient dans les puits. Sans oublier la pollution atmosphérique. L’air était souvent vicié par les fumées noires et épaisses. Les textes des pétitions sont éloquents et nombreux. On parle d’irritation de la gorge et des poumons notamment quand les vents sont contraires. Mais de nombreuses réclamations étaient rejetées après vérifications, de multiples précautions étant prises avec une réglementation très stricte en demandant d’utiliser les progrès de la science. 

L’usine Benker a même construit une canalisation en poterie pour déverser ses résidus dans le ruisseau Aiguerelles. Il faut avouer que certaines pétitions étaient fomentées par des concurrents jaloux. On peut situer aussi la présence jusqu’aux années 1970 de l’usine de la teinturerie Durand, située sur l’emplacement de l’actuelle école primaire des Aiguerelles (salle Boris Vlan et Maison pour Tous) avec sa haute cheminée servant parfois d’étape aux cigognes Alsaciennes en route vers l’Afrique. Sans omettre, car plus récentes les activités dynamiques et moins polluantes telles la biscuiterie Flor (en face l’immeuble Le Royal) ou la bonneterie Gangeline (immeuble de la solidarité du Conseil Général) qui fonctionnait sans interruption. Nous pourrions terminer par les Établissements Pousse-Clanet qui dès 1955 ont pris la relève d’un maraîcher déjà bien âgé. 

Le nombre de salariés travaillant dans le quartier était très important. La voie ferrée du train de Palavas Cet axe principal, véritable coup de sabre entre la ville et la mer, est encore bien visible puisqu’il arrive par l’avenue des États du Languedoc. A l’origine, la gare de l’Esplanade (altitude 35 m 10). Une seconde machine se plaçait en tête pour le retour à Palavas, à l’arrivée de la rame elle partait de Racanié (quai Laurent) après avoir fait le plein d’eau et poussait le train dans la forte rampe du viaduc (25 mm/m sur 500 mètres) qui surplombait notamment le collège Michelet. La voie continue après être passée par l’ancien passage à niveau de triste mémoire (boulevard d’Orient) en direction de l’avenue du Petit Train. A ce niveau se trouvent de nombreux embranchements particuliers dont nous parlons plus loin … à gauche avant de traverser le chemin de Moularès on voit encore le puits du garde-barrière, puis c’est l’ancien emplacement d’une gare marchandises avec le raccordement de la voie venant de la gare Chaptal (avenue Albert Dubout) qui se poursuit en direction du pont Zuccarelli par l’avenue Antonelli. Cet emplacement appartenant au Département serait une opportunité pour implanter le départ d’une ligne de tramway vers Palavas, car l’espace permettrait la création d’un immense parking Voeu pieu, mais loin d’être utopique, de plus nous avons émis l’idée d’un monument à la mémoire du Petit Train. Une façade telle l’ancienne gare de l’Esplanade, complétée par une marquise permettant d’abriter la loco 81 et sa voiture qui ne sont pas pour l’instant protégées. Une image que beaucoup trouvent innovante et très représentative … l’idée a déjà fait son chemin … et le poursuit… d’autant qu’après la tranchée du Pont Trinquât, la voie s’ouvre sans problème sous l’autoroute, un passage idéal et sans frais supplémentaires pour une ligne directe et rapide vers les plages… Un rêve, non une réalité qu’il faut conclure sans attendre… C’est ensuite le bout de notre quartier avec la gare de La Céréreide toute pimpante au kilomètre 3, l’altitude est descendue à 7 mètres 90, dans une nature qui ne demande qu’à s’égayer. 

C’est la suite d’une zone maraîchère et viticole importante qui sera modifiée par les nouveaux passages d’une autoroute et la voie du TGV, mais le bon sens primera comme ailleurs, le train n’a jamais été défavorable aux citoyens. Le passage dans notre quartier de cette ligne nous ramène à son récent passé avec toutes les activités qui s’y rattachaient. On trouvera dans l’ouvrage de Rolland Jolivet et Paul Génelot toute l’histoire et la petite histoire de cette ligne « Un petit train de folie » … …. ……Dès la sortie de « Racanié » (premier dépôt de la ligne) perpendiculairement une voie se dégage pour desservir la Société Menviel (successivement tarte, acier et vêtements) puis c’est le parc très important de Mitjavile spécialisé dans l’entretien et la réparation des wagons-foudres ou réservoirs, transports qui ont fait fleurir les chemins de fer de l’Hérault (à cet emplacement vient d’être construit le nouvel hôtel de police). D’autres voies desservent des usines de fer ou de tartres, activités nombreuses. Les ateliers de la Sté des Pétroles (recherches pétrolifères) occupaient de vastes espaces en face de la cave coopérative d’où s’échappaient de nombreux moucherons, véritable plaie pour les promeneurs à côté de l’immense parc de l’EDF. Quelques années plus tard une usine s’est implantée à coté des pétroles, la Société Nouvelle d’Albret qui fabriquait des échafaudages mais aussi des escaliers mobiles, dont ceux construits pour les aéroports qui accueillaient les supersoniques « Concorde ». La voie arrivant de la gare Chaptal (voie rapide de la Paillade – Albert bubout) était utilisée pour le trafic direct entre Palavas, les Premières Cabanes où l’on chargeait notamment la « salinelle » destinée à protéger les oeillets de la Côte d’Azur mais aussi leurs épis étaient utilisés avec le sable de Lauret pour la fabrication du verre, mais encore le sel de Gramenet et dans les dernières périodes les anguilles vivantes en direction de l’Italie ou de la Belgique dans des wagons-viviers. En 1910, l’aviateur Dufour a fait transporter par les voies de l’Hérault son aéroplane, un « Blériot XI » d’un poids de 740 Kg depuis Béziers par Mèze, Celleneuve et cette voie directe…, pour participer au meeting aérien de Palavas. Pendant de longues années de circulations depuis le 5 Mai 1872, le train de Palavas a transporté des milliers de personnes vers les plages.

 II faut arriver en 1968 où pour de sombres raisons économiques, le dernier convoi est parvenu à Montpellier au son d’une trompe aux accents du glas. De nombreux Montpelliérains en garde avec une larme à l’oeil, un souvenir puissant, nous étions le 31 Octobre. Pourquoi ne l’a-t-on pas modernisé pour lui donner sa véritable raison d’être? Quelques années plus tard une idée fit renaître l’espoir mais la parole d’un seul homme a fait mourir une seconde fois notre « Petit Train ». Cependant rien n’est pas perdu car la machine D 81 qui se trouve à la médiathèque Garcia Lorca n’a que 540 000 kilomètres, il est donc possible de lui redonner vie ; 11 ans ont été nécessaire pour la faire classer au titre des monuments historiques, il ne faut pas désespérer, la future ligne de train-tram vers Palavas étant tout indiquée pour ce renouveau et le maintien d’un patrimoine que le Ministère entend bien rénover. 

Le comité de quartier Aiguerelles-La Rauze s’implique dans cette tache, mais il souhaite que les recherches entreprises pour cette exposition, se poursuivent. Vous pouvez participer en cherchant dans vos « vieux papiers », y trouver quelques photos ou documents qui concrétiseront certains témoignages que nous n’avons pas encore signalé, ils n’ont pu être en effet, confirmé. Les « Castors »… Le quartier va connaître un essor sans précédent avec l’arrivée des « Castors » ….petit animal qui construit sa maison.., en réalité ce sont les futurs locataires qui de leurs mains, tous ensemble, construisent ces jolies petites villas de type F4 ou 5. De 1956 à 1961 la construction va battre son plein. Après, ce seront les travaux souvent individuels de finitions : clôtures, dallages ou jardins. Les premiers investisseurs des lieux (anciennes propriétés des familles Fournol, Aigon, Lauzier) dans l’avenue de Pont Trinquat sont les « castors Montpelliérains dits Première Equipe (25 villas – Président M. Genty, qui vient de décéder le 14 Juillet) « du Languedoc » (20 maisons Président Jean Fullana) Les « Castors du Clapas  » 50 Equipes (également 20 villas de type F4 – bâtisseur animateur toujours en service Maurice Lestelle) au chemin de Moularès en face des écoles et de l’usine de la teinturerie-blanchisserie Durand avec sa haute cheminée – nous l’avons déjà écrit, elle fut l’objet d’un événement rare , des cigognes d’Alsace y ont fait une étape remarquée, les rares documents photographiques font actuellement l’objet de recherches. Puis ce sont les «Castors SNCF» 40 lot d’une série importante construite en premier lieu dans les Près d’Arènes dès 1956, qui reçurent à cette occasion la visite de l’abbé Pierre. (Président Rosset agent SNCF) chemin de Moularès sur les emplacements d’une grande vigne, sera érigé le plus grand lotissement avec 58 villas de type F4 et F5, montées sur pilotis. Le gros oeuvre est confié à l’entreprise Boix de Lunel, qui a également construit dans ce programme deux immeubles rue de Centrayrargues. 

Cet apport de population (123 villas) va permettre la construction de l’école primaire des Aiguerelles (Charles Dickens) d’une maternelle (Anne Frank) et plus tard en 1972 du collège des Aiguerelles. Plusieurs immeubles vont ensuite sortir de terre, le Royal, le Cèdre, le Chambéry… une nouvelle population qui va croître chaque année et obliger l’agrandissement des écoles, la création de la Maison pour tous (Boris Vian). Plus au sud le quartier de La Rauze avec son stade, la salle de sport, la piscine et ses lotissements : Le Mas – ou ceux des harkis rue de la Métairie de Saysset au lieu dit le pré du Curé » avec son espace jeux d’enfants et maison de culte et de rencontres amicales si longtemps souhaitée. Des villas parfaitement alignées et entretenues. Le Mas de Couve avec ses immeubles : le BéaI (voir l’histoire du club de football St Martin, le Lyautey. L’école primaire va compléter l’activité du quartier tout au long de la voie du train de Palavas, utilisant souvent d’anciens terrains ayant appartenu aux maraîchers qui approvisionnaient la ville. C’est là, qu’en 1974 prennent naissance « Les jardins du Soleil » avec une vingtaine de villas implantées dans une vigne à côté des serres de Pousse-Clanet l’horticulteur bien connu de tous, surtout en période de fete qui savait choisir le bouquet à vos besoins. Le quartier avait aussi sa laiterie à vaches (avenue de Palavas) qui chaque jour avec sa charrette tirée par un cheval docile livrait le lait dans les lotissements pour la plus grande joie des enfants qui n’hésitaient pas à faire quelques chemins sur le véhicule auprès de M. Sénégas, allant de porte en porte. On ne peut faire le tour du quartier sans mettre en évidence le secteur de « la grappe » qui tire son nom de la distillerie aujourd’hui transportée à Cournonterral. 

C’est là en bordure du Lez et des Aiguerelles-basses que fut érigé l’immeuble de célèbre mémoire par des occupants pour le moins remuants aujourd’hui démoli on envisage la construction d’une nouvelle Mairie. Mais plus importantes et plus humaines seront les villas construites pour les « harkis ». Fidèles serviteurs de la nation, souvent oubliés dans leur cantonnement. Ils méritaient cet espace qui a été un peu modernisé pour les enfants. Le doyen est décédé depuis peu, mais quelques belles images d’hommes solides et loyaux demeurent dans ces petits pavillons. Il est agréable de les rencontrer pour évoquer la douloureuse période des années 1960/65 et de connaître leurs cheminements, leurs métiers souvent très rudes. Le quartier possède ses « personnalités » ; Celui qui a marqué la construction des castors est un autre M. burand ferronnier-serrurier, il a confectionné de nombreuses barrières et autres portails pour nos villas. Son atelier se trouvait rue des 7 cans, mais en 1966, il doit étendre ses ateliers et s’implante le long de la voie ferrée, dans le secteur de l’immeuble des douanes. Il entend s’embrancher par une voie ferrée afin de recevoir directement ses wagons de fer et surtout les wagons-foudres en réparation car il travaille pour la SNCF et notamment les économats des chemins de fer, dont les entrepôts sont situés rue Colin derrière la gare à côté de l’usine Letellier. Hélas l’arrêt de l’exploitation du chemin de fer de Palavas en Octobre 1968 va ruiner ses espoirs il va se consacrer surtout à la ferronnerie et réaliser de belles pièces dont sont toujours fiers les habitants du quartier. 

L’avenue de Palavas …. le Chemin de Moulons Nous avons noté les diverses entreprises qui ont fait du quartier un ensemble industriel important. Sur l’avenue de Palavas « la soufrière » raffinait comme son nom l’indique le soufre. Plus tard sur l’emplacement de cette usine s’est installée « La Meuse » brasserie à bière qui a longtemps fournit les différents débits de boissons de la région. En 1965/66, ces ateliers qui occupent un vaste emplacement vont céder la place à des immeubles d’habitation, à la jonction de la rue de Centrayrargues. Sur ces lieux, chaque année pour le 14 Juillet se déroulait le bal du quartier, laissant à peine la place aux quelques rares voitures. Le Chemin de Moularès très passant – on y a vu le passage du tour de France – était lui aussi, un lieu où les usines s’étaient massées par la présence du ruisseau « Aiguerelles ». Suivant leurs fabrications il leur était facile de verser les déchets dans ces eaux qui ensuite rejoignaient le Lez. La première d’entre elles n’était pas polluante, puisqu’elle fabriquait des cordes harmoniques pour violons depuis 1858, la Maison Boudasse-Cazottes était ultra moderne portant haut le renom de la ville aux expositions internationales. Venaient ensuite les ateliers de « secrétage » de peaux et poils de lapins – certains se souviennent encore de ces chanteurs de rue qui criaient « peaux de lapins.., t’as pas des peilles »… ces produits servaient à fabriquer du feutre pour les chapeaux qui étaient très prisés à ces périodes. En 1888, l’usine Valette s’installe à cote des Aiguerelles pour fabriquer des chandelles. Elle utilise les graisses prises à l’abattoir qu’elle traite avec de l’acide sulfurique, on imagine les effets des rejets dans le ruisseau. Autre usine « Henri Martin » pour le suif et dans la même nature de produits : Treilhet, La Treille et Foulques. On comprendra pourquoi de nombreuses pétitions ont circulé à ces époques pour défendre l’environnement car la puanteur était telle qu’en été on ne pouvait parfois pas ouvrir les fenêtres. L’avenue du Petit Train Cette dénomination est la bien nommée car rien de plus précis ne pouvait être choisi. C’est en 1982, que Claude Volte propose au Député-Maire de choisir ce nom pour l’ancienne voie ferroviaire d’intérêt local (AVFIL, sur les plans). Après avoir consulté les plans de localisation, le Conseil Municipal entérine cette dénomination. Dans sa séance du 12 Juillet 1982, le Conseil décrète : Affaire n° 23, dénomination de voie. 

Le nom de l’avenue du petit train est donné à une rue empruntant l’ancien tracé de la voie ferrée et situé entre l’avenue Albert Dubout (qui rappelle bien le train de Palavas) et le chemin de Moularès. Cette avenue tient maintenant un rôle important dans la pénétration vers le centre ville en desservant le nouvel Hôtel de Police. Seul vestige encore en place : le puits du passage à niveau. Le groupe scolaire des « Aiguerelles » A la base de notre quartier, les écoles. Quoi de plus naturel que ces établissements où nos enfants vont connaître la Vie. Les Maîtres et Maîtresses tous dévoués enseignent les éléments nécessaires au savoir. Ce secteur s’est peuplé assez rapidement dès les années 1958/60. La construction des lotissements et de certains immeubles a amené naturellement un nombre important d’élèves. Ainsi le groupe scolaire des Aiguerelles a été construit le plus rapidement possible dans des bâtiments préfabriqués et … provisoires … pour une école de 11 classes. Ce n’est qu’en 1982 que la première tranche de travaux débute pour construire en dur ». Cette école mixte II, comprendra 6 classes avec locaux annexes, direction, sanitaires et infirmerie. En 1986, la 2° tranche s’applique à l’école Mixte I avec également 6 classes (soit une de plus en 25 ans) qui comprend en plus un atelier pédagogique et un restaurant d’enfants. Pendant la longue durée de ces travaux l’accueil des enfants est assuré avec les locaux disponibles, les préfabriqués » ayant été l’objet d’aménagements pour être utilisé en salles de classes. Le montant de ces travaux dépasse largement les 9 millions de francs, le Conseil Général participe à cette opération. La surface de cet établissement dépasse les 750 M2 avec préaux et passages couverts. Ainsi le groupe scolaire est la 2° école neuve dans le quartier. En effet en 1984, la Ville a acquis le groupe scolaire de La Rauze qui a la particularité d’être intégrée à l’habitat; la vie commune avec les logements des 4 niveaux supérieurs se déroule dans le meilleur état d’esprit pour le plus grand bien des enfants. Ainsi avec cette restructuration les élèves ont une école proche de leur domicile. Cette construction fait partie des 22 classes d’écoles primaires construites par la ville en 1986. On ne peut négliger l’effort et la charge financière pour les travaux d’entretien et les remises en état des 128 écoles de Montpellier. Nous devons remarquer que ces éléments sont ceux en vigueur en 1987, depuis cette date d’autres constructions ont eu lieu pour maintenir le patrimoine scolaire. 

Le groupe des Aiguerelles bénéficie du groupe d’action psychopédagogique, implanté sur place qui recouvre plus de 1000 enfants (Prés d’Arènes, La Rauze, Aiguerelles) son rôle, souvent méconnu, est de favoriser la concertation de toutes les personnes intéressées par l’Education. C’est un travail avec l’ensemble des maîtres et de tous ceux qui ont en charge l’enfant: parents, bDASS, psychiatres… il contribue à l’observation des élèves qui sont particulièrement en difficulté. Autre innovation : l’arrivée de la fibre optique. Le groupe scolaire bénéficie de deux prises. L’informatique a aussi fait son entrée avec du matériel adapté ordinateurs, téléviseurs, lecteurs-enregistreurs, imprimantes… Divers postes de travail sont à la disposition des élèves… C’est un bon moyen d’initiation à l’outil informatique. Une grande équipe de quartier l’AS Saint Martin Pour connaître l’histoire de cette grande équipe de football devenu un des plus grand centre de formation de jeunes, il faut s’adresser à un ‘ancien » Denis Cabrol, un des pères fondateurs de ce bel ensemble qui continue à faire honneur à notre ville. Ils organisent chaque année à Paques un tournoi international de jeunes avec des centaines de joueurs venus de tous les pays d’Europe ou d’Afrique. A l’origine dans les années 1958/59, le patronage de la toute nouvelle paroisse Saint Martin qui englobe notre quartier, sous la conduite du Père Xavier Azéma, plus connu comme historien, met en place une équipe de « ballon ». Claude Pélozi et André Malzac assurent l’encadrement. Très vite cette équipe se distingue par ses qualités sportives mais surtout organisatrices. A Noël, de l’année suivante, ils ont l’audace de lancer un tournoi international de foot pour les jeunes. Suisses, Espagnols répondent à l’invitation, les parents les logent. Grand succès sur le terrain qui jouxte la salle commune transformée en Église. 1962, nouveau départ sur les installations du terrain des Aiguerelles, plus vastes et mieux organisées pour ces fameux tournois dont la réputation s’étend rapidement. De grands clubs participent avec de jeunes éléments pour affronter dans un excellent esprit leurs nouveaux amis. Le Président Claude BéaI, réussi a allier le sport avec la fête, car ces rencontres sont l’occasion pour toutes les familles de se retrouver et de préparer ensemble les festivités qui accompagnent ces rencontres. En Mai 1971, les jeunes décident de créer ‘l’Union sportive des Aiguerelles » En 10 matches ils ne subissent qu’une seule défaite, marquent 43 buts. Tous les espoirs leur sont permis d’autant que Jean Louis Challes revient du régiment et que M. Schutz assure l’entraînement. Le Bureau : Président d’honneur M. Hourtal, conseiller municipal – Président Denis Mouret – Secrétaire Alain Pradel, trésorier Louis Pradel – dans la liste des joueurs on retient de nombreux jeunes du quartier, la moyenne d’âge est de 22 ans. Les équipes de plus jeunes sont nombreuses et tout aussi actives. Avec la construction du collège, le terrain n’est plus disponible, celui de la Rauze prend le relais. Quelques années plus tard, en mémoire à ce Président trop tôt disparu, ce stade prendra le nom de Claude Béal. Un lieu de nombreux rendez-vous dans de multiples disciplines sportives mais toujours avec l’esprit d’amitié bien entretenu par une généreuse poignée d’animateurs.

 

MERCI ©Paul Génelot

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